Tranquillement
assise à l'ombre fraîche dispensée par les voutes anciennes, elle lisait les
dernières nouvelles quand son front se couvrit soudain de fines perles de transpiration.
Une
énorme bouffée de chaleur venait d'empourprer son visage à la vue de la photo. Submergée
par l'émotion, ses mains et ses genoux se mirent à trembler, elle éprouva une sensation
de malaise mélangée à de l'inquiétude, quelqu'un pouvait la surprendre dans cet état et s'en
inquiéter.
Effectuant
un rapide tour d'horizon, elle constata qu'il n'y avait personne alentour.
Soulagée elle regagna sa chambre, dissimulant le journal sous sa robe grise. Là, isolée du monde extérieur,
elle posa le quotidien sur sa table en bois et lut avec application l'article qui
confirma ses craintes : Elle
connaissait le nom de cet homme, enfoui avec des souvenirs qu'elle s'était évertuée à oublier.
Durant les quinze années écoulées, ses traits
s'étaient empattés, ses cheveux - maintenant poivre et sel - clairsemés, mais son
sourire était le même. C'était bien Jacques Morel, avec un léger embonpoint
mais dans un costume de bonne coupe, recevant une distinction pour son
engagement dans une œuvre humanitaire.
Le
journaliste vantait ses qualités de cœur et son ouverture d'esprit, il en
faisait une tonne.
Ne
voulant pas agir sur un coup de tête, elle se donna une heure de réflexion. Dix
minutes plus tard sa décision était irréversible : tout se payait un jour ou
l'autre, c'était son tour, le destin le lui présentait c'était une évidence.
Sa
haine, si longtemps restée muette en elle, était ressortie intacte à la seule
vue d'une photo.
Ecriture en cours
Ecriture en cours