Si tu ne sais pas : APPRENDS / Si tu n'y arrives pas : RECOMMENCE / Si c'est impossible ... FAIS LE ! ... ( Image dixit)

[Polar] Backstage (Terminé)


par Lucas Devil
Le coup de feu le fit sursauter.
Pourtant il s'y attendait, c'était lui qui tenait l'arme, là, sur la vidéo !



Samedi 7h45.
Max se réveilla avec un gros mal de crâne et une douleur à la tempe gauche.
Il passa ses doigts dessus et regarda la trace de sang séché qui les maculaient. "Sacrée soirée." se dit-il.
Il cligna des yeux à cause de la forte luminosité, se releva sur le siège et consulta sa montre : sept heures quarante-cinq. Assis au volant d'une voiture qui ne lui appartenait pas, la vue sur le Golden Gate occupant tout le pare-brise, il essaya de se rappeler la soirée de la veille.
Un regard circulaire. Non, il ne connaissait pas cette caisse … Et impossible de se souvenir de quoi que ce soit.
Rien sur le siège à côté, rien sur la banquette arrière. Il sortit de la Mustang, en fit le tour et ouvrit le coffre. A l'intérieur il vit un paquet recouvert par un plaid écossais. Par curiosité il le souleva.
"Putain, c'est quoi ce bordel ?" se dit-il à voix haute.

Devant lui, recroquevillé dans le coffre, il y avait le corps d'une jeune femme habillée d'une robe noire. Il posa deux doigts sur la jugulaire et se rendit compte que c'était terminé pour elle. 
Ce fut à ce moment-là qu'il entendit les sirènes des quatre voitures de  police.
Stanley Banks, flic depuis plus de trente ans, entra dans le bureau. Gravissant un à un quelques échelons de la police, il avait écumé les nombreux quartiers de la ville avant de réussir le concours d'inspecteur. Non par ambition, uniquement pour ne plus risquer sa vie à chaque coin de rue lors de patrouilles nocturnes. Il connaissait pas mal de combines et quelques truands, sans pour autant se mouiller dans des trafics de complaisance.
Il n'aimait pas ça, mais tout le monde l'appelait Stan à la brigade.
Harry Farmer lui, semblait un peu moins futé et avait atterri dans le même Central que Stan parce qu'un autre inspecteur s'était fait descendre la veille de sa nomination. Il fallait boucher un trou, ç'était tombé sur lui.
Très volontaire, mais pas très doué. Depuis trois ans ils faisaient équipe, chacun y trouvait son compte.
Stan servait de béquille intellectuelle à Harry qui apportait le café à Stan. D'ailleurs il arrivait avec deux mugs fumants.
A huit heures, un coup de téléphone les prévint, on leur amenait un gars qui venait de buter sa nana … la routine.

Samedi 8h15.
Quand il arriva au poste de police, menotté, l'énergique agent Will qui l'avait appréhendé emmena Max dans un bureau occupé par une femme plus que rondelette en uniforme qui lui prit ses empreintes.
"L'entraînement physique dans la police n'est plus ce qu'il était." pensa-t-il.
Une fois ses mains essuyées, Will le remit à un inspecteur en civil qui l'entraîna dans une pièce aveugle et l'assit sans ménagement, mains menottées. 
La porte avait en son centre une petite vitre à hauteur des yeux. Il y avait également un grand miroir collé au mur.
"Comme dans les films." se dit Max. Il n'avait pas le cœur à rire, mais ne put s'empêcher la comparaison. Il avait réfléchi à ce qui se passait durant son transport, mais au vu des faits, il se sentait dans de sales draps. Aucun souvenir, pas la plus petite idée de comment il s'était retrouvé dans la Mustang et encore moins de quelle façon cette nana –totalement inconnue- avait atterri dans le coffre. Il était cependant certain d'une chose, il ne l'avait pas tuée.
Les premières paroles de l'inspecteur ne furent pas très cordiales.
"T'es dans un foutu merdier mon pote." dit-il en guise de bonjour.
"Oui, de très sales drapsil va falloir faire attention à ce que je dirai." songea-t-il.
Mais il savait bien qu'il allait être difficile pour lui de tenir sa langue, il avait été vacciné avec une aiguille de phono et plaisantait quasiment en permanence !
Sur la table il y avait une chemise rouge contenant plusieurs feuilles. Le flic lui posa la première question.
"Je suis l'inspecteur Harry, tu sais pourquoi tu es ici ?
Sa voix intérieure le faisait sourire : "Seul-à-seul avec Clint Eastwood !"
- Non répondit Max, j'ai bien une petite idée, mais elle va pas vous plaire.
- On va se mettre d'accord tout de suite gros malin, dit Harry, tu ne me racontes pas d'histoire, on gagne du temps et je vois ce que je peux faire pour que ta peine soit réduite au minimum.
- Bah, ça a le mérite d'être clair dit Max, j'y vois qu'une objection.
- Laquelle ?
- C'est pas moi qui ai tué cette nana et je ne la connais pas.
- Tu admettras que je puisse avoir des doutes, on t'a quand même trouvé avec son corps sans vie dans ta voiture.
- C'est pas "ma" voiture. Si vous consultez vos fichiers vous verrez qu'elle n'est pas à mon nom. Harry fronça les sourcils et saisit une feuille dans le dossier qu'il mit sous le nez de Max.
- Justement, on a trouvé ça dans la boîte à gants. Lui qui avait réponse à tout se retrouvait pris de court devant le contrat de location de la Mustang glissé dans la même pochette que la carte grise. Contrat à son nom, établi depuis deux jours et pour une semaine.
- Impossible.
- Pourquoi impossible ?
- J'ai jamais loué cette caisse, et j'aurais pas été malin de la louer à mon nom pour faire un coup pareil.
- On ira voir le loueur plus tard. Tu fais quoi comme trafic ? Je veux dire en dehors des meurtres.
- Quel trafic ? De quoi vous parlez ?
- Il y a une heure, un coup de téléphone nous a appris que tu étais là où on t'a trouvé. Le temps de venir et on t'a cueilli devant ta voiture. Le même coup de fil nous a parlé de trafic de drogue et d'une vidéo. Les enquêteurs sur place n'ont rien trouvé pour le moment. Je serai averti dès qu'ils auront du nouveau.
- C'est quoi encore cette histoire ?
- Il n'y a pas d'histoire Max, t'es dans la merde et t'as intérêt à coopérer. Tôt ou tard nous saurons la vérité.
- Et d'après vous, je suis un tueur ?
- Sauf si tu arrives à me démontrer le contraire, oui.
- Je veux un avocat.
- Parle moi d'abord.
- J'ai rien à ajouter. Quoi que je dise ou que je fasse vous ne me croirez pas.
- Dans ton intérêt, essaye. Dis-moi où tu as passé la soirée d'hier.
- Je m'en souviens absolument plus, le trou noir complet.
- Tu vois, ça commence mal. Max se doutait bien qu'il y avait quelqu'un derrière le miroir, il ne fallait pas le prendre pour un idiot : lui aussi regardait les films à la télé. La porte s'ouvrit brusquement un type longiligne et sec entra, la cinquantaine.
"Après Clint Eastwood, voilà Lee Van Cleef. " se dit Max un sourire aux lèvres.
Il allait l'appeler Lee quand Harry remarqua son expression.
- Qu'est-ce qui te fait sourire ?
- Rien, une idée comme ça …
- Tu as tort de prendre ça à la légère mon gars, dit le nouvel arrivé, t'es …
- … dans un foutu merdier ! Je sais. coupa Max. Clint me l'a déjà dit.
- Qui ça ? demanda le nouveau qui passait derrière lui.
- Non, rien, laissez tomber …
- On n'est pas là pour rigoler, tu devrais en être conscient.
- Bon, continuez de papoter. Tu vas voir Max, moi je suis le gentil. dit Harry qui se tenait en retrait.
- C'est ça, allez chercher Eli Wallach qu'on en finisse. ricana Max.
Le nouveau venu était dans son dos, Max ne vit pas venir la gifle. Au contact il rentra la tête, mais trop tard. Sa joue gauche devint instantanément rouge. Le dos de la main ne pardonnait pas, et ça n'allait pas soulager sa migraine. Il hurla.
- Ehh, ça va pas non ? C'est quoi ces méthodes de gangster ? Lee prit le relais, d'une voix sèche.
- Je ne te connais pas, je n'ai jamais entendu parler de toi, mais je suis sûr que tu as des choses à me raconter. Il vint se planter devant lui, enfourchant une chaise.
- Pas plus qu'à votre copain, je dirai plus rien, je veux un avocat.
- Plus tard. Tu as fait quoi hier soir ?
- Aucune idée. Mais si cette nana était encore vivante, j'ai dû passer une soirée de ouf !
 ironisa-t-il.
- Mais t'es vraiment idiot ou tu le fais exprès ? Tu risques la peine capitale pour un crime et tout ce que tu trouves à faire c'est plaisanter ?
- La présomption d'innocence, vous en avez quand même entendu parler ? J'ai rarement vu quelqu'un condamné pour un crime qui n'a pas été prouvé. Je
maintiens que c'est pas moi qui l'ai tuée. Faites votre boulot au lieu de tourner en rond
.
On entendit la sonnerie d'un téléphone, un "drrrinnngggg ... drrrinnngggg", celle des vieux appareils à cadran. Harry fouilla dans sa poche et confus en sortit son portable. Il tourna le dos à Lee et Max qui se turent afin d'écouter. Ce fut bref.
- Oui ... sur place ? ... D'accord, je le lui dis ... merci.
Harry remit son téléphone dans sa poche et se tourna vers Max, l'air durci.
- On a retrouvé l'arme du crime ... sous la victime.
- Et alors ? Ça ne prouve rien, cherchez les empreintes et comparez aux miennes, vous verrez bien.
- On s'en occupe, t'inquiètes pas. On en était où ? reprit lee.
- A appeler mon avocat. répondit Max en se tâtant la tempe.
- On t'a trouvé en train de camoufler la nana que tu as assassinée, roulée en boule dans le coffre de ta Mustang. Tu peux me dire ce que tu comptais faire à cet endroit ? L'enterrer ?
- En creusant avec mes mains ?
 Un point pour lui.  Lee pas découragé reprit.
- Je ne sais pas, peut-être attendais-tu un complice ?
Putain, mais il le faisait exprès d'être aussi idiot ?
- C'est ça, J'ai téléphoné aux sept nains pour qu'ils me filent un coup de main en rentrant du boulot. Une idée lui traversa l'esprit. Au fait, vous qui retrouvez tout, vous n'auriez pas vu mon portable ?
- Tu l'as perdu où ? questionna Harry sans réfléchir. Lee le foudroya du regard. Bon, je vais me renseigner. dit-il vexé avant de quitter la pièce.
- Vous pouvez me ramener un café … avec mon portable ? Harry ne se retourna même pas, mais cette dernière tirade avait énervé Lee.
- T'es un gros malin toi hein ? On n'avance pas et tu te fous de nous. dit-il soudain plus bourru. Tu n'as pas l'air de réaliser ce que tu risques.
- Oh que si ! Mais je vois deux flics en train de tourner en rond sans preuve, ni plus ni moins.
- Alors aide nous à te disculper. Parles-nous des gens que tu fréquentes, des endroits où tu as l'habitude d'aller ...
- Je l'ai déjà dit à l'inspecteur Harry, je ne peux rien prouver, le trou noir. Je n'ai aucun souvenir de ma soirée d'hier. Au fait, vous m'avez dit que vous vous appeliez comment déjà ?
Avant que Lee réponde, Harry réapparut l'air excité, les yeux dilatés, et lui fit signe de le rejoindre. Ils échangèrent quelques mots à voix basse et Lee sortit sans rien dire. Tant pis, il allait continuer à l'appeler Lee.
Max cherchait surtout  comment prouver ce qu'il affirmait.
Dix minutes plus tard, les deux inquisiteurs firent irruption dans la pièce. Leurs visages étaient tendus. Lee fixa Max et lui asséna le coup de grâce.
- Gros malin, tu nageais déjà dans la merde mais tu viens de t'y noyer.
Max ne comprit pas ce que cela signifiait, mais il devait y avoir du nouveau, et pas à son avantage. Lee s'approcha et l'attrapa sous un bras.
- Debout, on a quelque chose à te montrer. Il se leva et suivit les deux inspecteurs dans le bureau de Miss Empreintes. Elle attendait, assise devant son écran, calée sur Youtube.
- Envoie. aboya Lee. La Miss appuya sur le bouton "Entrée" et la vidéo démarra.
- Regarde bient'es concerné. dit à son tour Harry.
Max s'approcha du bureau et fixa l'écran, attentif au moindre détail.
L'action se situait dans une pièce aux murs blancs, poussiéreuse et faiblement éclairée.
La caméra filmait un homme de dos, assis dans un profond fauteuil crapaud. Il tenait un révolver et le pointait devant lui, le bras tendu, vers une jeune femme immobile, tétanisée et appuyée aux murs dans un coin de la pièce. Ensuite il y eut un brouillage furtif puis la caméra se décala par rapport au dossier du fauteuil.
Dans le grand miroir qui lui faisait face, on vit l'homme, l'arme pointée à hauteur d'épaule.
Le coup de feu fit sursauter Max.
Pourtant il s'y attendait, c'était lui qui tenait l'arme, là, sur la vidéo !

Vendredi 21h.
Mike Campagna suivait ce type depuis deux mois. Il l'avait choisi en traînant dans les bars parce qu'il avait appris qu'il était originaire d'un bled dans lequel lui-même avait séjourné. Maintenant il connaissait pratiquement tout sur lui, ses habitudes, ses manies, ses préférences.
Brandon lui avait donné carte blanche et une unique consigne : "Un résultat sans faille".
Mike avait élaboré ce plan avec minutie en vrai professionnel. Tout était en place pour le grand soir, mais il n'avait droit qu'à un seul essai. Il sortit la voiture du garage. Demain matin, une fois tout ça terminé, il prendrait l'avion pour la France avec un paquet de dollars sur son compte.
Le brouillard envahissait lentement les rues, il roulait prudemment, ce n'était pas le moment d'avoir un accrochage. Il n'était plus très loin, son "client" devait déjà consommer. Chaque vendredi Max passait la soirée dans le même bar, faisant un billard ou regardant un match retransmis par ESPN en éclusant quelques verres, la Bière passait à un dollar si les Giants gagnaient.
Mike se gara à l'arrière du bâtiment et entra les mains dans les poches.
Le Bus Stop était bondé : Un anniversaire, des concours de boisson, de billard, de dominos, personne ne prêterait attention à eux.
Il le vit immédiatement, accoudé au comptoir, une Pabst Blue RB à moitié vide devant lui et vint s'asseoir tout naturellement à sa gauche. Mike passa commande au barman.
"Jason, la même chose. dit-il désignant la bière de son voisin du pouce.
Le voisin qui regardait vaguement le match de basket sur l'écran tourna la tête, curieux.
- Qui gagne ? lui demanda Mike en piquant une poignée de cacahuètes.
- Lakers de 10 points. Répondit-il nonchalant. Mike tendit la main.
- Chris Palmer.
- Salut. Max Sanders. La conversation était engagée.
Mike devrait être très prudent, ce gars-là n'était pas né de la dernière averse, il restait confiant, il n'en était pas à son coup d'essai.

Deux mois plus tôt.
Jordan Davies jubilait sur le parvis du tribunal, sa carrière allait enfin changer de cap grâce à l'acquittement tout juste obtenu. Cette ordure n'en était pas à son coup d'essai, mais ses moyens financiers propres l'intéressaient plus que l'innocence de ses clients. Jordan arborait un sourire radieux, il lui avait pris un paquet de fric !
Son téléphone sonna. "Pas encore de cabinet et déjà célèbre. Le début de la gloire ?"
Il en était conscient, il n'avait qu'un seul défaut, il se savait vénal … extrêmement vénal.
"Allô, Maître Davies ? dit une voix féminine.
- Lui-même.
- J'ai besoin d'un avocat et vous êtes celui qu'il me faut. Le ton était décidé.
- Sans doute, mais cela dépendra de votre affaire et de mon emploi du temps. Je ne plaide pas n'importe quelle cause.
- La mienne vaut bien celle que vous venez de défendre.
- C'est possible …
- Je comprends que vous soyez débordé, je souhaitais un accord de principe.
- Vous l'avez. Voulez-vous un rendez-vous ?
- Quand puis-je passer vous voir ?
- Je vous attends demain à dix heures.
- Merci Maître.
L'appel fut coupé avant qu'il ne connaisse le nom de sa future cliente.

Jessica avait été élue Miss piscine fin 2009 à San Francisco, à dix-huit ans. Début 2010, elle épousait Brandon Moore, son aîné de vingt ans, fou amoureux et accessoirement héritier d'une grande maison de couture basée à New York. Brandon était en permanence dans un avion pour ses réunions d'affaires et rarement à la maison avec elle.
Au début, Jess comme il l'appelait, le suivait partout, mais très vite le label "potiche" qu'elle portait sur le front l'incita à rester dans leur maison pendant que Monsieur sillonnait le monde et faisait d'autres conquêtes. Cela durait depuis presque deux ans, et les photos de Brandon apparaissaient régulièrement dans la presse à scandale … au bras de jeunes et jolies demoiselles.
Ce jour-là, Jess, à nouveau seule et à bout de nerfs, avait un rendez-vous important.
Elle pénétra dans le bureau de Jordan, moulée dans un tailleur de prix grège.
Il sut immédiatement qu'il allait accepter cette nouvelle cliente qui l'avait contacté de façon si mystérieuse.
"Trop jolie." pensa-t-il en se levant pour l'accueillir avec son plus beau sourire.
"Bonjour mademoiselle.
- Madame rectifia-t-elle sans sourciller, madame Moore.
- Enchanté, prenez place. Que puis-je pour vous ? Il se rassit, contemplatif.
- Je souhaite demander le divorce.
- Cela a le mérite d'être clair mais ce n'est pas ma spécialité. D'autres confrères…
Elle lui coupa la parole.
- Je vous l'ai dit au téléphone, vous êtes celui qu'il me faut.
- Vous pouvez m'expliquer pourquoi ? Vous avez une raison particulière ?
Elle sortit une enveloppe brune de son sac et la lui tendit par-dessus le bureau.
- Vous êtes un excellent avocat, j'ai suivi votre dernier procès, et je crois que cela devrait suffire. Jordan pensait qu'elle contenait des billets de banque ou un quelconque moyen de paiement, il l'ouvrit et en fit glisser une trentaine de photos et de coupures de presse soigneusement découpées. Toutes montraient le même homme, bronzé, souriant, et accompagné de jeunes et jolies femmes … jamais les mêmes.
- Je vous présente mon mari. dit-elle. A l'annonce de son nom, il n'avait pas fait le rapprochement, mais qui ne connaissait pas Brandon Moore ? Il faisait régulièrement la une de la presse à scandale, on aurait envie de divorcer à moins.
- Je le connais. Enfin … je lis les journaux moi aussi.
- Tout le monde en a entendu parler. Maintenant cela suffit, je n'en peux plus.
Il comprenait, elle voyait s'étaler soirée après soirée les frasques de son mari sans rien pouvoir faire, à part divorcer. Il réfléchit deux secondes, il y avait pas mal de fric à gagner.
- Vous souhaitez un arrangement ?
- Tout ce qui me revient. Pour lui faire payer ces trois années de trahisons.
- Je comprends … et vous estimez à combien ce qui vous revient ? dit-il curieux.
- La moitié de tous ses biens, sociétés comprises.
"Peccadille !" pensa-t-il, voilà pourquoi elle le voulait lui, après son succès mémorable.
- Entendu, je plaiderai en ce sens.
- Vous acceptez ?
- Sans aucun doute. Les dollars brillaient déjà dans ses yeux.
Jessica lui tendit une carte de visite de sa main gantée.
- Venez me voir demain à quatorze heures, je serai seule. Autre chose …
- Je vous écoute.
- Je souhaiterais que cela soit rapide.
- Je m'y emploierai. Quoi d'autre ?
- C'est tout, je veux qu'il paye ce sale porc. Ces mots le surprirent de la part d'une personne aussi distinguée, mais l'habit ne fait plus le moine depuis longtemps. Elle se leva et se dirigea vers la porte. Il fit rapidement le tour du bureau et lui ouvrit.
- Merci Madame Moore, à très bientôt.
- Au revoir. dit Jessica.
Elle quitta la pièce "Sans jamais lui avoir serré la main." pensa-t-il.

Brandon Moore, très bel homme de quarante ans, prit une coupe de champagne sur le plateau tendu par le serveur et l'offrit à la demoiselle qui le buvait des yeux depuis un bon quart d'heure en riant comme une idiote.
Cette réception semblable aux autres l'ennuyait, il n'avait qu'une hâte, s'enfermer dans sa chambre avec Amy, la brunette la plus pétillante de la soirée. Il fit un signe de tête à son agent qui l'observait du coin de l'œil, habitué. La nuit s'annonçait riche en péripéties.
Tenant Amy par un bras, il l'entraîna vers les ascenseurs, raflant au passage une bouteille de champagne.
Le lendemain matin, Brandon prenait son petit déjeuner lorsqu'il reçut un courrier officiel. A sa lecture, il faillit s'étouffer.
"La garce, après tout ce que j'ai fait pour elle." dit-il.
"Octavio, appelle mon avocat. cria-t-il à son agent. Il était plus vexé qu'autre chose. Choisie parmi des centaines de prétendantes, et voilà de quelle façon elle le remerciait ! Octavio lui tendit le téléphone.
- John, c'est Brandon. Jessica demande le divorce, occupes t'en. Priorité absolue. Quand le patron qui vous paye grassement vous donne un ordre, vous vous exécutez sans discuter. John n'eut même pas le temps de dire un mot, il avait raccroché.
Le lendemain, quand il réussit à le joindre, John expliqua à Brandon quelles étaient les exigences de Jessica.
... 
Voilà. C'est on ne peut plus légal, nous sommes au pied du mur.
Brandon Moore n'était pas du genre à se faire déposséder de la moitié de ses biens par la première gamine venue, encore moins par une ancienne Miss. Il fulminait de rage.
- Tu connais son enfoiré d'avocat ? John était dans ses petits souliers.
- Jordan Davies, jeune mais très brillant. Il vient de faire acquitter un assassin …
- Je me fous de ses capacités ! hurla-t-il, Si je te paye pour me dire que tu es moins bon que lui, c'est lui qu'il me faut ! fin de la conversation.
Il ne demanda pas à Octavio de l'appeler, il s'isola dans son bureau et le fit lui-même, connaissant la nature humaine, il s'était fait son idée sur la question.
- Bonjour Monsieur Davies, je suis Brandon Moore.
- Bonjour Monsieur Moore.
- Nous devrions nous rencontrer.
- Je ne pense pas que cela soit dans l'intérêt de ma cliente. dit-il d'un ton doucereux.
"Déjà sur ses gardes." pensa Brandon.
- Effectivement, je vous appelle dans le vôtre, que diriez-vous de dîner ensemble ?
- Cela me semble compromettant dans l'état actuel des choses.
- Vous ne vous êtes donc jamais compromis ?
- Pour retrouver ma photo à la une des journaux ?
- Laissez vos livres de droit chez vous Maître et rejoignez-moi à vingt et une heures chez Gary Danko, le restaurant de North Point. Il entendit distinctement  le rire à l'autre extrémité.
- Monsieur Moore, soyons sérieux, désormais, tout comme vous je suis connu. Demain nous aurions tous deux notre photo dans la presse spécialisée. Vous en êtes conscient ?
- Soit, dans un endroit plus calme alors …
- Je veux bien vous accorder un verre. Le bar au croisement California-Franklin, ce soir à vingt-deux heures.
- Parfait, j'y serai.
- Inutile de vous recommander de venir seul. Et n'essayez pas de me piéger, je vous rappelle que je suis avocat.
- Je serai seul, n'ayez crainte, je ne tiens pas plus que vous à ce genre de publicité.
- A ce soir Monsieur Moore. C'était un premier pas, mais la partie s'annonçait "serrée".
Au Mo-Jo Bar, Brandon était venu en taxi, Jordan s'était garé quelques rues plus loin.
Bizarrement, tous deux avaient opté pour des tenues moins strictes qu'à leur habitude, histoire de coller avec le cadre.
 Assis face à face, on aurait dit deux potes qui tuaient le temps devant une bière.
Le premier contact au téléphone s'était avéré été assez distant, mais Brandon n'était pas là pour déclarer la guerre, bien au contraire.
Monsieur Davies, je pense que vous avez déjà étudié votre dossier. J'ai entendu dire que vous étiez efficace.
- Merci, mais vous ne m'avez pas contacté uniquement pour me féliciter. Je me trompe ?
- Non, effectivement. Je ne vais pas vous demander non plus de détails confidentiels sur votre dossier. Je connais trop bien Jessica pour savoir qu'elle ne lâchera pas le morceau facilement, elle se battra jusqu'au bout. Elle est très forte pour persuader un homme, fût-il avocat.
- Que souhaitiez-vous donc me dire en privé qui justifie ce rendez-vous ?
Brandon jeta un regard circulaire, ce n'était pas le moment de se faire tirer le portrait, les paparazzis étaient derrière lui vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Jordan suivit son regard.
- Ne craignez rien, à ma connaissance ils ne viennent jamais par ici. dit-il.
Rassuré, Brandon se lança.
- Combien demandez-vous à ma femme pour défendre sa cause ?
Jordan sourit : "Nous y voilà."
- J'en étais à peu près sûr. 
dit-il.
- Sûr de quoi ?
- Je pensais bien que vous alliez me proposer d'augmenter mes honoraires.
- C'est une des solutions que j'ai envisagées.
- Vous en avez une autre plus … "efficace" ?
- Beaucoup plus radicale. Pas la peine de lui faire un dessin, Jordan avait compris.
- Cela n'est ni de mon ressort ni de mes compétences. Je crois que nous en avons terminé Monsieur Moore. lança-t-il en se levant.
- Asseyez-vous, je n'espérais que vous soyez mon bras vengeur. Pouvez-vous simplement me dire qui est vraiment Mike Campagna ? Jordan était stupéfait mais il se rassit.
- Mon dernier client avant votre femme.
- Ce n'est pas le sens de ma question, et je sais que vous l'aviez compris.
- Monsieur Campagna a été acquitté.
- Grâce à vos subterfuges. Il n'est pas un modèle de candeur.
- Quel intérêt vous pousse à en savoir plus sur lui ?
- Je me demandais jusqu'où il était capable d'aller …
- Posez-lui la question directement.
- Je le ferai, mais je n'ai aucun moyen de le contacter. Vous si.
- En somme vous me demandez de servir d'intermédiaire entre vous et lui …
- Non, dites-moi simplement comment le joindre. N'oubliez pas que ma femme n'a aucun revenu, c'est moi qui vais régler vos honoraires, et je vous propose de les doubler.
Le deal était cornélien. Il n'entrait pas dans les attributions d'un avocat de mettre en relation les complices d'un meurtre possible. En échange … il eut subitement une autre vision, plus machiavélique : Brandon l'engageant pour défendre ses intérêts contre l'assassin de sa femme, simple retour de justice en somme …
- Soit, a une condition cependant.
- Laquelle ?
- Que vous m'engagiez.
- Aucun problème.
- Alors prenez note. Il sortit un stylo et sous la dictée de Jordan écrivit un numéro de téléphone sur son sous-bock.
- Je ne serai pas un ingrat ...
- Je n'en attendais pas moins de vous Monsieur Moore. Je me tiens à votre disposition comme convenu. Ils se serrèrent la main et sortirent séparément du Mo-Jo.
Pour Brandon, le plus délicat restait à faire, convaincre Mike Campagna.

Mike Campagna regardait la diffusion du concert des Stones à Glastonbury. Il faillit ne pas entendre la sonnerie de son portable tant le son était fort. Ils n'étaient pas nombreux à avoir son numéro de portable, sans doute une erreur ...
"Allo ? Une voix d'homme qu'il ne reconnut pas lui répondit.
- Bonsoir Monsieur Campagna, nous ne nous connaissons pas mais nous avons un ami commun, Jordan Davies. Mike attendait la suite, sans mot dire. L'autre poursuivit.
- J'ai un travail à vous confier, mais je ne sais si cela est dans vos cordes.
- Qui êtes-vous et de quoi s'agit-il ?
- Je ne peux vous en dire plus au téléphone.
- Vous voulez qu'on se rencontre ?
- Ce serait préférable.
- Où et quand ? demanda Mike directement. Il n'allait pas rater le concert plus longtemps.
- Demain dix heures parking du Wholefood de Soma. Je serai en BMW X6 blanc.
- J'ai une Camaro noire, à demain. il monta le volume, Jagger entamait "Satisfaction".
Mike arrivait à l'heure et vit la grosse BMW qui attendait. Il se tint à distance, face à la rue, son révolver dans la boîte à gants, on n'est jamais trop prudent. Un gars bien habillé, la quarantaine, vint s'asseoir dans la Camaro. Pas une tête de flic, ni de truand d'ailleurs.
- Bonjour Mike. Le nouveau venu lui tendit la main et expliqua son problème.
En fait c'était tout simple : ce gars-là voulait se débarrasser de sa femme.
C'était dans ses cordes et le prix qu'il offrait était plus que correct, après tout ce que lui avait coûté son avocat, il fallait se refaire. Ils tombèrent rapidement d'accord sur les termes du contrat.

Samedi 9h.
Max était sonné comme un boxeur KO. Le cerveau en ébullition, essayant de retrouver la moindre trace des événements de la veille. "Impossible que j'aie fait une chose pareille !" Harry ne voulait pas être en reste.
- Alors ? On fait moins le malin maintenant hein ?
- Une info nouvelle qui pourrait faire avancer les choses ? questionna Stan à son tour.
Max ne répondait pas, abasourdi.
- Bon, soupira Stan, on va te mettre au trou, ça te fera réfléchir.
- Attendez. Vous connaissez son nom à cette nana ?
- L'identification est sur les empreintes, d'ailleurs on ne devrait pas attendre longtemps, les voilà. Il venait d'apercevoir le visage du gars de l'identification lui faisant des signes derrière la vitre minuscule. Stan sortit et revint cinq minutes plus tard avec un nouveau dossier. Un nom était écrit en rouge sur la couverture mais Stan le posa à l'envers.
- Tu ne sais toujours pas qui c'est ?
- Depuis que je vous je le répète, je pensais que vous aviez compris.
- Jessica Moore. La femme du gars qu'on voit partout dans les journaux.
- Je ne lis pas les journaux, c'est qui Monsieur Moore ? Harry répondit.
- Héritier d'une ligne de fringues qui pèse des millions, la quarant … Stan le coupa.
- Le gars qui t'a payé pour que tu liquides sa femme !
"Il est vraiment moins sympathique que Harry." se dit Max.
- Désolé, je ne le connais pas lui non plus. Stan retourna le dossier barré d'un gros "Jessica MOORE" en rouge, et en sortit les photos qu'il mit sous le nez de Max l'une après l'autre. Des photos de la femme dans le coffre de la Mustang, prises sous divers angles, et pour finir une de Brandon Moore comme l'indiquait le nom dactylographié sous la photo.
Lee fixait Max, le jaugeant, essayant de percevoir un indice, une faille dont il puisse se servir contre lui. On aurait entendu une mouche voler, comme dans les westerns avant la fusillade. Il manquait juste le bruit du vent et la musique d'Ennio Morricone…
- Toujours pas plus décidé à parler ?
- Si, il me vient une idée. 
Si on faisait le circuit que je fais d'habitude le vendredi, peut-être que quelqu'un se souviendrait de moi hier soir.
- Pas bête ça. s'exclama Harry. T'en dis quoi Stan ? Stan réfléchissait, rapidement il acquiesça.
- Debout. Harry, va chercher la voiture, on va balader Monsieur. Il partit comme un chien de chasse et Stan sortit menotté à Max, ils allaient bien voir.
Ils se rendirent d'abord chez lui où ils trouvèrent une équipe de l'identification en train de chercher des empreintes ou d'autres preuves tangibles. Apparemment ils étaient là depuis un bon moment car plusieurs tiroirs étaient retournés. Les bouquins, habituellement sur une étagère, étaient en vrac sur la table du salon et le bar avait été vidé de ses bouteilles.
Une fois de plus, Max ne put se retenir, il s'adressa à celui qui paraissait le plus jeune.
- Eh machin … t'as vérifié dans les chiottes ? Il s'attendait à une remarque mais Stan s'adressa aux trois policiers qui fouillaient l'appartement.
- Dès que vous trouvez quelque chose vous m'appelez, on reviendra s'il le faut. Continuez les gars, et soyez méticuleux. Ils sortirent et continuèrent la ballade à pied, prenant le même trajet que Max la veille. La rue était animée, mais à cette heure, pas par les mêmes personnes que le soir. Les gens s'écartaient sur leur passage, on homme menotté, ça fait toujours un peu peur, même s'il est innocent…
- Salut Max, des problèmes ? 
Un homme mal rasé qu'ils allaient croiser venait de lui adresser la parole mais Max n'avait pas encore répondu. Aussitôt Harry bondit.
- Vous connaissez cet homme ?
- Max ? Bien sûr, on fait quelquefois un billard au Bus Stop lui et moi.
- Le Bus Stop d'Union Street ?
- Ben ouais, t'en connais un autre papy ? Stan observait sans mot dire, tenant fermement Max. Harry sortit son badge.
- Tu peux nous donner ton nom et ton adresse pour commencer ?
- Holà pépère, j'ai rien fait moi hein, je connais juste Max du Bus, je sais rien de ses combines.
- Donnes-nous tes coordonnées pour commencer. Le gars ne se fit pas prier deux fois, il fit demi-tour et fonça droit devant lui, aussi rapide qu'un coureur de cent mètres. Harry ne tenta même pas de démarrer.
- Ben alors papy, on court pas ? dit Max mort de rire en appuyant sur le "papy".
Stan esquissa un sourire, il n'en pensait pas moins au sujet des capacités physiques de son binôme mais se retint de faire un quelconque commentaire. Il secoua le poignet de Max.
- Arrête tes conneries, on va au Bus Stop. Harry, va chercher la voiture.
Harry s'exécuta à sa vitesse, et revint peu après. Il se gara au raz du trottoir en faisant crisser les pneus comme au temps de la prohibition. Stan poussa Max à l'intérieur et monta à côté de lui sur la banquette arrière.
- Georges, au Bus Stop s'il vous plaît. dit Max en riant.
Stan commençait à trouver son petit jeu sacrément énervant.
- Tu l'ouvres encore une fois sans que je te le demande et je t'en colle une.
- Je ne devrais même pas être là.
- Non, tu n'aurais pas dû être où tu étais hier soir, nuance. rétorqua Stan.
Ils roulèrent jusqu'au Bus Stop sans faire hurler la sirène. Le Bus Stop était ouvert et Jason derrière le comptoir.
- Salut Jason. Le serveur leva la tête et le reconnut.
- Salut Max, ça marche ? Au moment où il prononça ces mots il aperçut les menottes. Ça n'a pas l'air. dit-il en fronçant les sourcils. Stan observait comme toujours. Harry récidiva.
- Inspecteur Harry. dit-il en sortant sa plaque. Jason continuait d'essuyer les verres.
- Que puis-je pour vous inspecteur ?
- Vous avez vu cet homme hier soir ?
- Oui, il est passé.
- Vers quelle heure ?
- Sais pas. Suis barman pas préposé à l'horloge, je contrôle pas les clients.
- En début ou fin de soirée ? Jason soupira, ignorant la question de l'inspecteur.
- T'as des problèmes Max ?
- Je suis juste accusé d'un meurtre. A part ça, ça peut aller merci. Jason regarda le flic qui n'avait pas ouvert la bouche. Lui aussi avait compris le jeu des deux acolytes.
- Il est resté quelques heures avec un autre gars. Ils ont pas mal bu si vous voyez ce que je veux dire.
- Sans se mêler aux autres clients ? interrogea Stan.
- C'est ça. A la table du coin là-bas, ils rigolaient comme des fous. Tiens d'ailleurs on a retrouvé un portable coincé entre les banquettes. Jason tendit un portable. C'est pas le tien ? Les yeux de Max s'illuminèrent.
- Si ! Merci mec, tu me sauves la vie. Il tendit sa main libre vers le téléphone.
Rapide comme un crotale, Stan s'en saisit avant lui.
- Minute. Ton numéro ? dit-il avec un regard à Harry. Max lui donna son numéro. Harry le composa et la sonnerie du portable de Max retentit dans la main de Stan.
- Quand allez-vous me croire à la fin ? Il ne prit pas la peine de répondre.
- Vous auriez une description de l'autre personne ?
- Quarante ans, grand, brun, costaud. Il réfléchit et se tourna vers l'arrière du bar. Attendez, je crois que … il prit une photo coincée dans le bas d'un cadre.
… Tenez, hier soir c'était l'anniversaire de Pinky. Ils sont derrière, là. dit-il en montrant du doigt la photo qu'il tendait à Harry. Celui-ci n'en cru pas ses yeux, une blonde se faisait embrasser par cinq ou six gars et dans un coin de la photo on voyait Max assis sur la banquette qui trinquait avec un type brun.
- Bingo ! dit Max sans pour autant reconnaître son "pote" de la veille.
- Pas si vite. Stan venait de prendre la photo et l'examinait attentivement. Putain, je connais cette tête. Il passait en revue mentalement son fichier personnel de sales gueules. Nom de Dieu, c'est pas possible ! s'exclama-t-il. Il venait de reconnaître le compagnon de bar de Max. Il prit son portable et appela le Central.
- Oui … Charles ? C'est Stan de la brigade. Lance-moi immédiatement un avis de recherche au nom de Mike Campagna. Aéroports, gares, partout où cet enfoiré peut se cacher … Oui, c'est ça, pour meurtre. Harry avait les yeux comme des soucoupes.
- Le gars qui a été acquitté il y a deux mois ?
- Lui-même. Cette ordure ne passera pas à travers une fois de plus. Ils sortirent sans même rendre la photo au barman et s'engouffrèrent dans la voiture. Tandis qu'Harry conduisait vers le Central, Stan sortit un calepin et passa un autre coup de fil.
- Allo, Sammy, cherche-moi le nom de l'avocat qui a fait acquitter Mike Campagna. Oui, j'attends ... mmmhh, téléphone ? Ok, adresse ? … parfait, merci Sammy. Il s'adressa à Harry : 225 Sierra Street, fissa mais sans la sirène. Harry appuya sur le champignon et vira à droite. Max n'avait pas pipé mot depuis le bar. Il n'était qu'à moitié rassuré.
- Vous connaissez le type de la photo ?
- Il a commis un meurtre pour lequel il a été acquitté il y a deux mois. Au lieu de se tenir à carreau, il vient de faire une grosse bêtise en se trouvant dans ce bar avec toi hier soir.
- Vous pensez que c'est lui qui a tué la nana ?
- Non, mais je pense que c'est ton complice. Les illusions de Max s'enfuirent à tire d'aile, il se renfrogna dans son coin et regarda San Francisco défiler par la vitre.
Harry se gara gentiment devant le perron du 225 Sierra Street. Une maison en briques comme des milliers d'autres, anonyme. Pas une maison de riche en tout cas.
Ils sortirent et Stan sonna, Max toujours solidaire. La porte s'ouvrit sur un homme en peignoir, jeune et pas rasé.
- Oui ? C'est pourquoi ?
- Maître Davies ? Jordan Davies ?
- C'est moi. Stan lui montra sa plaque de police.
- Pouvons-nous entrer je vous prie ? L'avocat vit immédiatement les menottes.
- Qu'ai-je à voir avec cet homme menotté ?
- Vous êtes bien l'avocat de Mike Campagna ?
- Je me suis occupé de son affaire oui, mais …
- Permettez-nous d'entrer, nous allons vous expliquer. Jordan s'écarta et ils entrèrent. 
L'appartement était petit et plutôt mal entretenu. Une grande table prenait le tiers de la pièce, encombrée de piles de dossiers. Stan fit le tour du regard, enregistrant chaque détail puis lui montra la photo du Bus Stop.
- Votre client était hier soir au Bus Stop avec Monsieur Sanders accusé de meurtre. Nous avons besoin de son témoignage. Sauriez-vous comment le contacter ? Jordan eut le tort de pâlir, ce qui n'échappa pas à Stan.
- Il n'est plus mon client, cette affaire a été jugée, il a été acquitté.
- Je sais tout ça Maître, je vous demande si vous avez un moyen de contacter Monsieur Campagna. L'avocat resserra nerveusement la ceinture de sa robe de chambre.
- Certainement, je dois pouvoir trouver, oui. Il prit son téléphone et chercha un numéro.
Stan intervint, plus direct.
- Je pense que vous m'avez mal compris. Je ne vous demande pas son téléphone mais une adresse. Nous devons l'interroger. Jordan évitait le regard de l'inspecteur.
 Maître, faites un effort … dans votre intérêt. Sauriez-vous où il habite ?
- Oui … je … j'ai certainement son adresse dans mes dossiers …
- Voilà. Veuillez chercher je vous prie, nous attendons. 
Harry, les mains croisées dans le dos bloquait la porte. Max s'adressa à l'avocat.
- Maître, je ne vous connais pas mais cet homme est la seule personne qui peut prouver mon innocence. J'ai passé la soirée d'hier avec lui, nous devons le retrouver. Le téléphone de Stan sonna.
- Un instant je vous prie. Le portable à l'oreille, son regard se ferma puis il s'exclama.
- Bloquez tous les accès, ne le laissez pas partir. Coincez-moi ce salaud, j'arrive. Il se tourna vers l'avocat.
- Laissez tomber Maître, mais restez à notre disposition et ne quittez pas San Francisco avant d'y être autorisé. Vous m'avez compris ? Le ton ne laissait aucune place au doute.
- Soyez rassuré, je n'ai aucune intention de m'absenter.
- Bien, nous nous reverrons sans doute. A bientôt Maître Davies. Ils sortirent et Harry reprit le volant. Sur son siège il piaffait d'impatience, attendant un ordre.
- Il est à l'aéroport. Fonce, avec la sirène ! il ne se le fit pas dire deux fois.
- A nous deux Bullit. dit-il en enfonçant rageusement l'accélérateur.
- Inutile de nous tuer, on a déjà du monde sur place.

Samedi 6h15.
Dans une salle d'attente de l'aéroport, à l'abri des regards, Mike installa son ordinateur portable, connecta sa caméra et procéda au montage de la vidéo "officielle".
A sept heures quinze il publiait la vidéo sur Youtube puis appelait la police pour signaler un véhicule suspect sur le parking de l'observatoire dominant le Golden Gate. Il rejoint ensuite la salle d'embarquement, dans deux jours il serait au soleil sur la Côte d'Azur. Tout s'était déroulé selon le plan prévu, il avait du temps devant lui.
Confiant, il se repassa le film de la soirée précédente.

Vendredi 21h.
Max Sanders ne connaissait Chris -alias Mike- que depuis quelques heures. Ce type lui avait adressé la parole au bar et quelques bières plus tard, morts de rire, ils avaient opté pour une banquette qui leur permettrait de boire plus sans risquer de glisser du tabouret.
Par hasard, Chris connaissait la petite ville dans laquelle Max avait grandi, ça crée des liens. Ils ne se connaissaient pas mais avaient un tas de choses à se raconter.
A trois heures du matin, passablement éméché, il aurait pu l'épouser tellement ils avaient de points communs. "C'est pas tous les jours qu'on trouve un compagnon si drôle." pensait Max.
Ils avaient abordé beaucoup de sujets et Max croyait tout connaître de Chris. Celui-ci lui demanda s'il s'était déjà servi d'une arme.
"Non, jamais répondit Max.
- Ça te dirait d'essayer ?
- Pourquoi, t'en as une ?
- Un souvenir de guerre.
- T'as fait la guerre toi ? Laquelle ?
- Non, je rigole, je l'ai achetée à un militaire français qui avait besoin d'argent. Lui l'avait ramenée du Tchad dans les années soixante-dix.
- Elle a déjà servi ?
- Je vais au stand de tir de temps en temps avec.
- Et tu sais si elle est clean ?
- Bah, tant que les flics ne la trouvent pas je ne risque rien non ?
- On peut voir les choses comme ça …
- Alors, tu veux essayer ou pas ?
- S'il y a aucun risque je veux bien, j'aime pas trop ce que je connais pas.
- Tu cours aucun risque, on tirera sur un mannequin d'exposition.
- Comment ça ?
- Je connais un vieux mannequin qui ne demande qu'à prendre quelques balles.
- On y va quand ? Chris regarda sa montre.
- Maintenant si tu veux, j'ai les clefs du local.
- Pourquoi pas, ça fera une connerie de plus à raconter à mes enfants … si je rencontre leur mère un jour. Ils éclatèrent de rire tous deux, terminèrent leur bouteille et sortirent. Quand max entendit le "bip" de la Mustang, il révisa son jugement sur Chris.
- Ben dis donc, tu te fais pas chier toi au moins, belle caisse.
- La vie est courte et j'en suis déjà à la moitié. Tu veux conduire ?
- Chuis pas en état mon pote, une autre fois. Fais-moi voir ton bolide. Max tituba et eut de la peine à fermer la portière, il était naze.
Chris démarra et prit Market Street. En roulant, il expliqua qu'il avait été gardien d'un théâtre maintenant fermé et que c'était là qu'ils se rendaient. Les rues étaient désertes, encombrées seulement par les camions-poubelles de la voirie. Dix minutes plus tard, il garait la Mustang à l'arrière d'un immeuble vétuste dont le mur était recouvert de toutes sortes d'affiches déchirées.
- Pas gai ton stand de tir. dit Max les jambes molles.
- Surtout tranquille. rétorqua Chris. Il trouva sans peine la porte derrière une vieille affiche de True Lies, un film avec Schwarzy, et ils entrèrent dans le noir total.
Max avait fait quelques pas à tâtons et attendait près de la porte, le dos appuyé à un mur de brique, quand les rampes d'éclairage s'allumèrent très haut au-dessus de lui.
Il avait sous les yeux l'arrière de la scène, là où sont généralement stockés les décors et les accessoires. Au plafond, un énorme enchevêtrement de poutrelles métalliques supportait un fatras de câbles et de cordages. Les lieux ressemblaient à un décor d'Hitchcock.
- Ça fait froid dans le dos quand on y songe. T'es sûr qu'on a le droit d'être là ?
Chris revenait, une bouteille de Bourbon dans une main et un revolver dans l'autre.
- Le droit je pense pas non, mais il n'y a que nous. Relax Max, mets-toi à l'aise, tiens goûtes moi ça.
Il lui tendit la bouteille. Excuses moi, ici y a pas de verre. 
Ils rirent ensemble et Max bu une longue gorgée au goulot. Il fit quelques pas dans la pièce, inspectant le décor : de vieux meubles, quelques accessoires, des rideaux mangés aux mites, le tout recouvert d'un centimètre de poussière.
Max s'assit dans un fauteuil crapaud défoncé, bu une seconde gorgée et claqua la langue.
- C'est du bon celui-là. C'est abandonné depuis longtemps ?
- Dix bonnes années. Personne veut racheter une ruine pareille. Trop de boulot.
- C'est ton flingue ? Fais voir. Chris lui tendit l'arme. Max la prit et la pointa sur lui.
"Bang" cria-t-il en relevant le canon comme il l'avait vu faire au cinéma.
- Fais pas le con, il est chargé. Attends, je vais te chercher la cible. Il écarta un épais rideau et sortit un mannequin habillé d'une robe noire qu'il mit debout dans un coin de la pièce, à six ou sept mètres du fauteuil où Max était assis. Max cligna des yeux, la bière plus l'alcool et la pénombre, il avait du mal à voir le mannequin distinctement.
- Dommage de déglinguer une si belle femme. dit-il en riant. Il la visa et fit mine de tirer. "Bang"
- Tu me dis quand t'es prêtje te fais une vidéo souvenir. Faut enlever la sécurité, et casses pas le miroir, ce serait dommage.
- Prêt. dit Max qui avait un sérieux problème de visée. Mais je sais pas si je vais la toucher, j'ai la vue légèrement brouillée. Le bras de Max n'était pas fixe, et lourd.
Il cherchait sa cible en plissant les yeux avec l'impression d'être derrière un fin rideau.
"Baang !" Le bruit raisonna comme un coup de tonnerre dans le calme du théâtre.
Le bras de Max remonta de dix bons centimètres, puis redescendit se poser sur ses genoux.
Il était surpris par la force de la déflagration et la violence du choc.
"Dans les films ça à l'air plus facile." pensa-t-il juste avant de perdre connaissance.

Après lui avoir asséné un violent coup sur la tempe pour faire bonne mesure avec le GHB mis dans le whisky, Mike ne perdit pas de temps, il ramassa le revolver, le glissa dans son dos et empoignant Max sous les aisselles, le transporta à la porte d'entrée où il l'assit contre le mur.
Il revint récupérer le mannequin qu'il remit derrière le rideau puis monta au premier étage.
Dans l'ancien bureau du théâtre, bâillonnée et ligotée sur un vieux matelas à même le sol, gisait immobile la jeune femme qu'il avait enlevée et droguée l'après-midi même.
Mike la chargea sur l'épaule et descendit dans la pièce où Max avait tiré. Elle était encore inconsciente quand il lui ôta ses entraves et le scotch qu'elle avait sur la bouche.
Il la plaqua dos au mur, là même où le mannequin avait reçu la balle tirée par Max et retourna derrière le trépied qui supportait la caméra, l'arme à la main.
Il fit un panoramique de la scène et fit feu sur la femme quand elle était plein champ.
Elle glissa le long du mur alors que la caméra filmait toujours.
"Et voilà." se dit Mike. Il remit son revolver dans sa ceinture, rangea le trépied et la caméra puis porta la jeune femme dans le coffre de la Mustang. Il revint chercher Max, l'assit à côté de lui et ayant fermé le théâtre roula en direction de Sausalito.
Après le pont, il monta à l'observatoire qui domine le Golden Gate et y abandonna la voiture, Max au volant. Mike ôta ses gants, il lui restait un peu de temps pour peaufiner son plan.
Il monta dans sa Camaro garée la veille à deux pas et pris la direction de l'aéroport.

Samedi 10h.
L'aéroport était à une vingtaine de miles et le trafic fluide. A leur arrivée, Stan laissa Max menotté à Harry, dans la voiture. Il y avait une dizaine de voitures de police, garées dans tous les sens, gyrophares allumés et l'agent Will qui l'attendait. Il vint vers lui.
- Il a un billet pour Paris. L'embarquement était prévu il y a dix minutes mais l'avion a eu un problème, le vol a été retardé de deux heures. On vous attendait.
- Merci Will. Bloquez les issues, lui ne nous attend pas, on y va. Suivis par deux policiers, ils s'engouffrèrent dans l'immense aéroport, ne sachant où le trouver. Une voix féminine annonça soudain le vol et le numéro de porte dans les haut-parleurs alors qu'ils arrivaient à l'entrée du hall d'embarquement pour Paris. Stan se posta près du contrôle, prêt à intervenir dès qu'il repèrerait Mike, il voulait à tout prix éviter une éventuelle panique des passagers lors de l'arrestation.
Il avait son visage présent à l'esprit, aussi clair qu'une photo, et balayait du regard les travées de sièges quand il le vit assis qui utilisait son ordinateur, à deux mètres d'un des policiers qui les avait suivis.
Stan chuchota à l'oreille de Will puis s'avança dans l'allée parallèle à celle de Mike et derrière lui, les mains dans les poches, comme un simple voyageur.
Il était à deux mètres sur sa gauche seulement quand Mike leva la tête et aperçut Will qui venait vers lui. Sa réaction ne se fit pas attendre, il se débarrassa de l'ordinateur, se leva d'un bond et asséna un violent direct au policier qui ne l'avait pas vu venir et qui ne le connaissait pas. Il lui prit son arme et se plaqua dans son dos.
- Personne ne bouge ! cria-t-il. Les passagers voisins virent l'arme, une dame âgée se mit à crier et ce fut une bousculade insensée, chacun voulant s'écarter de la scène.
L'élan de Stan fut stoppé net. Il observait de si près qu'il pouvait voir les phalanges blanchies par la crispation sur la crosse de l'arme pointée sur la tempe du policier.
Dans la panique qui s'en suivit, Mike se mêla à la foule qui refluait vers la sortie.
"Impossible à atteindre sans dommages collatéraux." pensa Stan. Ça se compliquait encore.
Will voyait courir vers lui des dizaines de personnes, c'était une cohue indescriptible, bousculades, cris, chutes dans l'affolement général vers l'entrée et impossible de repérer Mike dans tout ça. Stan lui-aussi l'avait perdu de vue. 
Il sortit son Glock22 et brandissant son badge de l'autre main se mit à crier.
- Police, tout le monde à terre ! Couchez vous ! Peine perdue, rien n'arrêtait la foule courant en tous sens, son cri provoqua l'effet inverse. Les policiers postés à la sortie durent s'écarter pour laisser sortir le flot humain. Mike s'était glissé parmi eux, personne ne le vit franchir la porte.
A la vue de Mike, Max attrapa un extincteur au mur et le dégoupilla. Un nom venait subitement de lui revenir en mémoire ! Tirant Harry menotté qui surpris n'opposa aucune résistance, il s'avança vers lui et l'apostropha le plus fort qu'il put.
- Hé, Chris, Chris Palmer ! Mike tourna la tête, il était à deux mètres de Max qu'il reconnut instantanément.
- Enfoiré ! cria-t-il au moment où Max appuyait sur la gâchette libérant un jet de poudre blanche. Surpris, il lâcha son otage pour se protéger les yeux.
Le coup de poing de Max l'atteignit sur la tempe droite. Un voile noir occulta sa vision alors que par réflexe il tirait un coup de feu en l'air avant de s'écrouler à terre.
Max posa le pied sur son arme tandis qu'Harry sortait la sienne et mettait Mike en joue, à un mètre de lui.
- Tu bouges, t'es mort. dit-il comme l'aurait fait John Wayne. Mike lâcha son arme et fut maîtrisé par Will venu à la rescousse. Quand Stan apparut, il constata qu'Harry avait arrêté Mike.
- Bravo inspecteur. lui dit-il un peu étonné par l'exploit de son coéquipier. Je t'avais pas demandé de rester dans la voiture ? Harry penaud, éluda la question.
- C'est Max qui a fait tout le travail. Max souriait, angélique. "Ces deux-là ne changeront pas." songea-t-il.
- Alors bravo Max ... mais j'en ai pas terminé avec toi pour autant. Ils embarquèrent Mike et Max et retournèrent au Central.
Les passagers du vol pour Paris auraient un souvenir de plus à raconter au retour.
Une fois arrivés et Max dans un bureau sous la surveillance de Will, Stan et Harry entreprirent d'interroger Mike qui n'opposa aucune résistance et avoua le crime. Difficile de nier avec sa résistance et le film trouvé sur son ordinateur.
Quelques jours plus tard, la brigade des fraudes découvrit une très grosse somme versée sur un de ses comptes à Paris. Elle remonta à la source et démontra la provenance de l'argent.
Quand l'affaire fut terminée, Stanley Banks dit à Harry :
- Tu vois Harry, la criminalité c'est comme les dominos. Harry ouvrit ses oreilles, attentif. Il allait bénéficier d'une nouvelle leçon gratuite.
- Mais encore ?
- Toutes les pièces sont sur la table, devant toi. Il te suffit d'en faire basculer une et tout s'enchaine. Harry était définitivement amoureux de son collègue.

Depuis …
* Stan a reçu une médaille. Il est sur une nouvelle affaire et passe de temps en temps boire un coup au Bus Stop.
* Harry Farmer a changé sa sonnerie de portable et suit Stan comme son ombre.
* Mike Campagna fut condamné à vingt ans de réclusion pour le meurtre de Jessica Moore, prise d'otage et quelques autres griefs trouvés par Stan. Il lui reste dix-neuf ans à faire.
* Brandon Moore écopa de quinze ans de prison pour avoir commandité le meurtre de sa femme. Sa maison de couture a été rachetée par une société française dont la presse n'est toujours pas arrivée à découvrir le nom.
* Jordan Davies, en brillant avocat, plaida sa cause lui-même. Malgré son talent, il fut condamné à cinq ans de prison avec sursis. Radié à vie du barreau, il quitta San Francisco et l'on n'a plus jamais entendu  parler de lui.
* Max Sanders remercia Jason le barman du Bus Stop qui lui avait retrouvé son portable et tiré le portrait le soir du meurtre. Depuis, il travaille avec lui comme serveur au Bus Stop et ce sont les meilleurs potes du monde.

* Le mannequin trône maintenant dans un coin du Bus Stop.